dimanche, 29 avril 2007
J'entrai dans la grande harmonie de la nature
J'entrai dans la grande harmonie de la nature, du printemps et des fleurs. Rien n'avait été posé là par hasard, c'est ce qui en faisait toute l'harmonie, parce que justement, on avait la sensation, presque la certitude que tout avait été posé là par hasard.
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jeudi, 26 avril 2007
Tenir le monde entre mes doigts de silence
Terre de collines. Ocre et rouge. Achevalé sur ma monture, je parcours les steppes. Les ombres jouent avec les replis de la terre, le gris de la roche avec le bleu des montagnes.
Alpha et oméga du monde, rien ne semble avoir été posé ici par hasard. Ni les vallées, ni les lacs, ni les temples.
Vallées fumeuses de brume, étagées de rizières. Pays cosmique. Vérité inscrite dans les pierres. Élan de la pensée. Le tumulte s’est arrêté.
Le dénuement de la pierre, de la terre ici, me plaît, j’aime ce désordre lent des vallées, l’air de solitude qui flotte sur les collines.
Reflets velours, incarnat du couchant, montagnes au loin, calquées en lignes bleues. Grand remuement de vagues, statufiées.
Oiseaux blancs qui couvent la terre spongieuse, virevoltant. D’autres lignes, d’autres montagnes donnent de l’épaisseur au ciel safran, une profondeur de champ.
Les grandes étendues désertiques de la Chine du Nord sont le lit de mes rêves. Une harmonie bienveillante s’est posée ici.
Je peux rester des heures entières seul au milieu des plaines, à fouir du regard les détours de l’horizon.
Blondeur des collines. Pureté froide, odeurs de sapins. Grandes étendues dorées du pays des glaces. Vagues de givre giflant la peau tendue de froid. Lucidité coupante de l’air.
Voici un temple taoïste, juché sur une colline. Encorbellements de la pierre. Les rizières au loin dessinent leurs courbes lentes. Après-midi tiède et vert.
Seuls les temples, juchés sur des collines, tracent le passage de l’homme. Le désir d’immobilité et de silence innervé dans cette terre est proche de l’hallucination. Mon existence tout d’un coup me semble artificielle. L’action que je mène bien vaine. Découverte de l’espace. Le temps est une pluie de guirlandes sur la mer.
Pourquoi être si près du monde et si loin des siens ? Rien ne peut me retenir à la terre. Devant cette solitude étoilée, mes pensées vont vers vous, si loin, et que j’aime. Puissé-je traverser ces océans et tenir à nouveau le monde entre mes doigts de silence.
Raymond Alcovère ; ce texte est inspiré de la vie du poète Saint-John Perse
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samedi, 21 avril 2007
Sa ressemblance avec tous
Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n’ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S’il m’est nécessaire au contraire, c’est qu’il ne me sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. L’artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher.
Albert Camus, Discours de Suède, 1957
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mercredi, 18 avril 2007
Tragédie ou comédie ?
«La vie est une tragédie pour celui qui sent et une comédie pour celui qui pense.»
[ Jean de La Bruyère ]
Photo : Jean-Louis Bec ; d'autres images de Barcelone à voir ici
08:12 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : photo, Barcelone, Jean-Louis Bec, La Bruyère
dimanche, 15 avril 2007
Cette grande écriture chiffrée qu'on entrevoit partout
"Les hommes vont de multiples chemins. Celui qui les suit et qui les compare verra naître des figures qui semblent appartenir à cette grande écriture chiffrée qu'on entrevoit partout : sur les ailes, la coquille des œufs, dans les nuages, dans la neige, dans les cristaux et dans la conformation des roches, sur les eaux qui se prennent en glace, au-dedans et au dehors des montagnes, des plantes, des animaux, des hommes, dans les lumières du ciel, sur les disques de verre et les gâteaux de résine qu'on a touchés et frottés, dans les limailles autour de l'aimant et dans les conjonctures singulières du hasard". (Novalis, Les Disciples de Saïs.)
Photo : Jean-Louis Bec
16:56 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, photo, Jean-Louis Bec, Novalis
La rivière redécouverte...
Photos : Jean-Louis Bec, la rivière est le Lez, petit fleuve côtier et méditerranéen qui frôle Montpellier...
00:15 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, photo, Jean-Louis Bec, Le Lez
samedi, 14 avril 2007
Like a hurricane
15:48 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Neil Young, Jean-Louis Bec
jeudi, 12 avril 2007
Les corps...
03:35 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, photo, Jean-Louis Bec, Philippe Sollers
mercredi, 11 avril 2007
Elan d'art 2007
A Elan d'art cette année, entre autres : Jean-Louis Bec, photographe, et aussi Gildas Pasquet, qui présentera plusieurs séries de photos, accompagnées de textes, dont un de Raymond Alcovère...
Vernissage ce vendredi, au Corum à Montpellier, 18 h 30
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lundi, 26 mars 2007
C'est en arrivant dans la salle de bains que...
Ce matin au réveil, longtemps avant l'aube, les choses allaient bien ; chaque chose avait pris tout de suite sa juste place dans ma tête – celles qui devaient être à l'ombre, à l'ombre ; celles qui demandaient du soleil étaient déjà au soleil – tout semblait vouloir bien se présenter pour la journée à venir et ça, il faut le dire, c'est plutôt rare. D'ordinaire des charrettes remplies de chiens enragés font la course sur les pavés disjoints de ma cervelle, ou alors d'une oreille l'autre une tringle de fer rouillée vient me perforer les idées et, dans de telles conditions, devoir exister encore jusqu'au soir c'est comme tenter l'impossible. Mais ce matin, hop ! allons-y, vivre démarrait très fort et, pour une fois, c'était tant mieux. C'est en arrivant dans la salle de bains que, comment dire ?, je me suis soudain senti américain.
Pierre Autin-Grenier
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jeudi, 22 mars 2007
L'air impalpable de l'été
L'air impalpable de l'été était comme l'essence des pensées du globe terrestre lui-même, pensées étranges, inhumaines, d'une texture de songe, comme si elles s'élevaient et retombaient pour se relever et retomber dans le flux et le reflux d'une immense mer calme et primordiale.
John Cowper Powys, Givre et sang
Merci à Anne Kerzeas, spécialiste de John Cowper Powys : cette citation comme celle de la précédente note sont tirées de son article : "Céramique et littérature" ; Anne est potière, vous pouvez voir son travail à Chamborigaud, dans les Cévennes, en venant d'Alès, à l'entrée du village.
Vient de paraître un inédit en français de Powys : "Le hibou, Le canard et Miss Rowe !Miss Rowe !" (nouvelle, 1933). Première des très rares nouvelles écrites par Powys, inédite en anglais.
pour commander : at.agneau@wanadoo.fr
www.at-agneau.ouvaton.org/ et bientôt un nouveau site
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mardi, 20 mars 2007
Pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie
J'appartiens à un pays que j'ai quitté. Tu ne peux empêcher qu'à cette heure s'y épanouisse au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. Rien ne peut empêcher qu'à cette heure l'herbe profonde y noie le pied des arbres, d'un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif... Viens, toi qui l'ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose ! Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs qu'un fruit mûrit on ne sait où - là-bas, ici, tout près - un fruit insaisissable qu'on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l'automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu'une pomme trop mûre vient de choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près... Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s'ouvrir ton cœur. Tu fermerais les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un muet soupir... Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.
Colette , les vrilles de la vigne
21:40 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, art, photo, Jean-Louis Bec, Colette
samedi, 17 mars 2007
Une prise en mains technique, généralisée, de la vie même des humains
Diriez-vous que ce que l’on appelait l’« espace public » - les meetings, les réunions - se réduit désormais à l’espace médiatique ?
Ph. Sollers : Ce n’est pas moi qui ai inventé la formule « société du spectacle ». Ça ne veut pas dire simplement la représentation médiatique, ça signifie que tous les rapports humains sont médiatisés par des images et que « les gens », comme on dit, ont de plus en plus tendance à jouer un jeu de rôle par le truchement de leur image à l’intérieur d’un film général. Il y a une évacuation de la perception individuelle, de la sensation de soi immédiatement représentée par des images. Donc le spectacle comme société, puisque c’est la même chose. Mais attention, cela ne veut pas dire simplement des moyens de communication ou la télévision, ce que Bourdieu avait tendance à croire, alors qu’il avait tort dans sa logique de marxiste archaïque à tendance stalinienne avérée. Il s’agit d’une prise en mains technique, généralisée, de la vie même des humains
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vendredi, 16 mars 2007
La moindre chose...
« La moindre chose contient un peu d’inconnu. Trouvons-le. Pour décrire un feu qui flambe et un arbre dans une plaine, demeurons en face de ce feu et de cet arbre jusqu’à ceux qu’ils ne ressemblent plus, pour nous, à aucun autre arbre et à aucun autre feu »
Maupassant
09:15 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art, photo, littérature, Maupassant, Jean-Louis Bec
jeudi, 15 mars 2007
Un calme intense...
Un calme intense, cuivré comme un lotus jaune, déployait peu à peu ses feuilles de silence sur l'infini de la mer.
Herman Melville
00:00 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, art, photo, Jean-Louis Bec, Melville
mardi, 13 mars 2007
Une petite pause...
09:20 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, photo, Jean-Louis Bec
lundi, 12 mars 2007
Caméléon Bonaparte
C'est ainsi que la BBC surnomma notre Résident de la République. A Lire ici le jugement implacable de la presse étrangère.
14:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, Chirac, photo, Jean-Louis Bec
samedi, 24 février 2007
Le lion
Dans tout lion il y a un lapin qui sommeille. Alors réfléchissez, ne le faites pas plus méchant qu'il n'est et ne l'envoyez pas déchoir dans les choux. pas avec des dents de lapin ! ".
Texte et photo de Jean-Louis Bec
00:20 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, photo, Jean-Louis Bec, bestiaire, lion
dimanche, 28 janvier 2007
Jean-Louis Bec, photographe
Les lieux sont nos aides, nos compagnons de voyages, nos conteurs et nos confidents ; des passeurs toujours prêts à nous prendre à leur bord, à nous guider pas à pas dans le dédale délirant de notre monde intérieur, à nous aider à voir un peu plus clairement en nous. Les lieux parlent et racontent si nous savons entendre, si nous savons nous entendre.
© Jean-Louis Bec ; Diptyque
09:00 Publié dans Photo | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : art, photo, Jean-Louis Bec